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Le blog de Baidy Maguiraga
11 octobre 2020

Les enjeux de la transition au Mali

 

Une nouvelle page de l’histoire du Mali va s’ouvrir avec l’avènement d’une nouvelle république. Nul besoin d’épiloguer sur le diagnostic de la situation de délitement du pays. Loin de nous l’idée d’occulter la gouvernance récente, question de pertinence, le moment du bilan de la situation politique du pays depuis l’indépendance, pourra se faire plus tard dans la sérénité, sans complaisance aucune.

Regardons vers l’avenir pour bâtir une société, plus humaine, plus démocratique et solidaire. Travaillons dans l’inclusivité pour que cette transition soit la dernière de l’histoire du Mali.

L’ex-Président américain Barack Obama déclarait dans un discours au Ghana en 2009 : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais des fortes institutions ». Cette citation du président Obama est peut-être à relativiser quand on pense aux Grands hommes comme Nelson Mandela, Thomas Sankara, Jerry Rawlings, mais dans le contexte actuel du Mali, elle doit être comme une boussole pour la transition. Pour qu’elle soit une référence nous devons mener des réflexions profondes autour de certaines réformes, eu égard à sa durée, qui compte tenu de la pression internationale (CEDEAO, Nations Unies,) sera relativement courte dans le cas le plus favorable, à cette durée.

Un Président, avec moins de pouvoir

A l’image de pays comme le Ghana, l’Afrique du Sud ou l’Allemagne nous devons à partir d’institutions fortes, favoriser l’alternance, avec l’élection du président de la république au suffrage indirect (par les députés par exemple) sans premier ministre, ou bien, un Président sans beaucoup de pouvoir avec un Premier ministre dont la désignation, l’élection et la fin du mandat en dehors des élections dépendront du Parlement (des députés).

Favoriser l’inclusivité dans les élections législatives

La signature de l’Accord issu du processus d’Alger, a pour conséquence une réforme de la constitution, concomitamment avec une décentralisation aussi bien au niveau régional, que local.

L’esprit de cet Accord est le partage du pouvoir, la participation active des populations au développement et à la recherche de solutions aux problèmes de leurs localités.

Le parlement qui traite des problèmes nationaux doit dans cet esprit être composé n’ont pas uniquement des membres du parti majoritaire dans la circonscription, mais, refléter tant soit peu l’image politique de cette circonscription. L’introduction du mode de scrutin proportionnel permettra de favoriser l’inclusivité, le partage du pouvoir. Elle est un gage de stabilité, de bien vivre ensemble.

Un organe unique indépendant de gestion des élections

En vue de favoriser l’alternance dans la gestion du pouvoir par une sanction à partir des urnes, de la mauvaise gouvernance, il est impératif que les élections soient crédibles et transparentes d’où la nécessité de créer un organe Unique et indépendant de gestion des élections, avec en son sein une structure chargée du contentieux électoral. Cet organe proclamera les résultats définitifs de toutes les élections et les gérera toutes y compris les élections syndicales.




Des modifications sur la loi électorale

Au niveau de la loi électorale, toujours dans le souci d’organiser des élections libres et transparentes, certains articles de la loi susceptibles de porter préjudice au bon déroulement du scrutin doivent être revus. Les mesures suivantes vont dans le sens d’une organisation plus transparente des élections :

  1. La proclamation des     résultats bureau de vote par bureau de vote
       

  2. La mise sur internet     des résultats bureau de vote par bureau de vote
       

  3. Les procurations,     elles doivent être soumises à la signature des responsables de     l’Organe unique de gestion des élections.
       

  4. Les procès-verbaux     doivent comporter le nombre de procuration pour chaque bureau de     vote
       

  5. Des mesures doivent     être prises afin que les auteurs des infractions constatées tout     le long du processus soient sanctionnés rapidement    
       

  6. Une copie du fichier     doit être remise au Représentant du parti majoritaire et une copie     au Chef de file de l’Opposition, après chaque mise à jour.

 

Un Etat Civil biométrique et un système de vote biométrique

L’expérience des législatives de mars 2020 doit nous amener aussi à réfléchir sur, comment diminuer le poids de l’argent. Des images montrant l’achat de cartes d’électeurs ont fait le tour des réseaux sociaux aussi bien aux Présidentielles de 2018, qu’aux dites législatives.

Il nous a été donné de constater que des électeurs en possession de leur carte Nina, inscrits dans un bureau de vote ne pouvaient pas voter, car ils ne trouvaient pas leur carte d’électeurs. Des concurrents à la liste pour laquelle ils sont susceptibles de voter ont pu retirer leur carte les empêchant ainsi de voter ce dans l’impunité la plus totale.

D’autre part, pour rendre le fichier électoral plus fiable, il est important que l’Etat Civil soit biométrique. En effet pour des élections crédibles et transparentes il faut non seulement, un vote biométrique mais également un contrôle systématique de la mise à jour du fichier électoral, permettant l’inscription des électeurs potentiels et la radiation de certains électeurs prévue par la loi électorale. La fiabilité de ce processus passe nécessairement par la mise en place d’un Etat Civil biométrique.

Ces deux points, à défaut de prospérer pendant les concertations doivent être des recommandations prioritaires, après la transition. Le vote biométrique pourra se faire ne serait ce que partiellement dans un premier temps, eu égard à la couverture partielle du réseau Internet

Un organe unique et indépendant de régulation de la communication

La transparence ainsi que la crédibilité des élections passent par une gestion impartiale et équitable de la communication, entre les acteurs de la vie politique. La communication est un instrument indispensable pour la prise du pouvoir. N’a-t-on pas coutume de dire, qui a l’information a le pouvoir ?

Les deux organes de Communication à savoir, le Comité National de l’Egal Accès aux Médias d’Etat et la Haute Autorité de Communication du Mali doivent fusionner, en remplissant les fonctions des deux et, donner naissance à un Organe Unique et indépendant de Gestion de la communication. Cet Organe doit avoir plus de pouvoir, il doit notamment avoir le pouvoir de nommer les Directeurs de tous les Médias d’Etat et, avoir un droit de regard sur plusieurs structures de communication.

Une transition consensuelle, inclusive et neutre

Le Dialogue National inclusif fut un agrégat des consultations depuis les communes dans leur quasi-totalité. Un diagnostic sans complaisance de la situation délétère du pays fut fait et des recommandations et résolutions embrassant l’ensemble des problèmes du pays ont été adoptées. Les recommandations sont au nombre de 115 dont 76 résolutions à court terme, 38 à moyen terme et une à long terme. La transition ne pourra malheureusement pas appliquer toutes ces recommandations.

Pour qu’elle soit une crédible, cette transition doit être consensuelle, inclusive et neutre.

Baidy MAGUIRAGA

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